Articles tagués “Couleurs

En trois applats

Mardi 24 décembre 2013

Paysage à contre-jour, coucher de soleilCoucher de soleil depuis la piazza Michelangelo

(Florence, septembre 2013)


Gardien de fer

Mercredi 18 décembre 2013

anneau de fer surmonté d'une tête de dragon scellé dans le mur ocre

Sienne, septembre 2013


Scintillement

Mardi 17 décembre 2013

Petit dialogue entre les rues, les couleurs et les villes du sud :

« Peinture grise de terminus des cars

verte de commissariat

marron de salon de coiffure le matin

blanc sale du dispensaire

à l’autre bout du port

couleur pistache de l’épicerie familiale

sols en plastique et chewing-gums écrasés

tables en formica rayé

plafonds lisses et poutres de béton

toutes choses de même teinte éclairées

par les mêmes tubes fluorescents.

D’où cet unique scintillement qui lie

Entre elles toutes les villes

Inconnues et lointaines du sud. »

Titos Patrikios, traduction de Michel Volkovitch, Les poètes de la Méditerranée : anthologie, Gallimard, « Poésie », p. 31

© Kedros Publishers ; © Desmos


Ocres

Mardi 17 décembre 2013

rue de Sienne, façades coloréesSienne, septembre 2013

 


Serpents colorés

Vendredi 13 décembre 2013

pâtes au piment, à l'encre de seiche et au citron

Mercato Centrale (Florence, septembre 2013)


13 desserts ?

Jeudi 12 décembre 2013

Corbeilles de fruits secs et pots d'épices colorés

Mercato Centrale (Florence, septembre 2013)


Etoiles multicolores

Mercredi 11 décembre 2013

pâtes colorées en gros plan

Mercato Centrale (Florence, septembre 2013)


Lune parisienne, 4

Lundi 30 avril 2012

Au dessus de Paris

la lune est violette.

Elle devient jaune

dans les villes mortes.

Il y a une lune verte

dans toutes les légendes.

Lune de toile d’araignée

et de verrière brisée

et par-dessus les déserts

elle est profonde et sanglante.

Mais la lune blanche

la seule vraie lune

brille sur les calmes

cimetières des villages

 

Frederico Garcia Lorca, « Couleurs », Oeuvres complètes, tome 1, Gallimard, 1981

Traduction de André Belamich


Coup de coeur…

Dimanche 1er janvier 2012

au salon de  Montreuil pour ce livre-poème de Benoît Jacques. Il faut aller voir l’objet de papier et d’encres, les gravures magnifiques, les couleurs, le bandeau bleu qui entoure le livre… Et ça tombe bien, car c’est un joli message pour commencer l’année, avec un Monsieur qui est aussi un grand passeur, en édition, en gravure, en passion.

VIVRE

(un poème pour)

Chausse tes petites bottes

en plastique bariolé cours

aux écuries nourrir Eglantine

et Humphrey offre au passage

une poignée de granules aux

trois moutons peureux donne

des montagnes de graines aux

oiseaux en hiver hume le doux

parfum du tas de bois allume

le feu dans la cheminée croque

les pommes du jardine t les noix

du pré fais ce bon thé vert dans

la théière écarlate goûte ces

chocolats aux écorces d’orange

empile les livres sur ta table

de chevet traduis ce texte

en italien tape à toute vitesse

sur le clavier de ton ordinateur

glisse une main affectueuse

dans la fourrure du chat

protège tes secrets dans une

commode repeinte en doré

achète fruits et légumes auprès

de petits producteurs mange

un peu de tout et beaucoup

de rien prépare un poulet rôti

pour ton fils savoure cette

fraîche gorgée de vin blanc

garde précieusement ta machine

à coudre range soigneusement

tes numéros de La Hulotte

dans leurs étuis regarde

ce chef-d’œuvre de Miyazaki

blottie dans le veux sofa enfile

ton kimono vois comme la lune

est pleine cette nuit écoute

un air de musique country

entraîne-toi à la danse du ventre

montre-lui la roue et l’équilibre

emmène-le sur un rocher en

forêt le jour de son anniversaire

parle-lui des chevaux des heures

durant apprends-lui le chant

du rossignol enferme tous ses

cadeaux dans un grand coffre

au grenier ris de ses pitreries

ne jette pas au loin ses savates

chinoises dessine d’un doigt

délicat un sourire sur tes lèvres

prends-le dans tes bras.

Benoît Jacques, VIVRE (un poème pour), Benoît Jacques, 2011


Impulsion

Jeudi 22 décembre 2011

La Lluvia amarilla de Julio Llamazares garde pour moi un parfum particulier de vieilles pierres, de feuilles sèches, de bois, de fumée et de neige et de pomme mûre. Il me semble aussi que ces extraits ont leur place ici, car ils ont un rôle initiatique : je crois bien que c’est le premier roman que j’ai lu en espagnol, d’un bout à l’autre, sans flancher.

 Le début du roman, qui plante le décor de ce village de montagne, aride, déserté, plein de fantômes et dont la sauvagerie me plaît :

 Cuando lleguen al alto de Sobrepuerto, estará, seguramente, comenzado a anochecer. Sombras espesas avanzarán como olas por las montañas y el sol, turbio y deshecho, lleno de sangre, se arrastrará ante ellas agarrándose ya sin fuerzas a las aliagas y al montón de ruinas y escombros de lo que, en tiempos, fuera (antes de aquel incendio que sorprendió durmiendo a la familia entera y a todos sus animales) la solitaria Casa de Sobrepuerto. El que encabece el grupo se detendrá a su lado. Contemplará las ruinas, la soledad inmensa y tenebrosa del paraje. Se santiguará en silencio y esperará a que los demás le den alcance. Vendrán todos esa noche : José, de Casa Pano, Regino, Chuanorús, Benito el Carbonero, Aineto y sus dos hijos, Ramón, de Casa Basa. Hombres endurecidos todos ellos por los años y el trabajo. Hombres valientes, acostumbrados desde siempre a la tristeza y soledad de estas montañas. Pero, a pesar de ello –y de los palos y escopeta de que, sin duda alguna, han de venir armados–, una sombra de miedo y de inquietud envolverá esa noche sus ojos y sus pasos. Contemplarán también por un instante las paredes caídas del caserón quemado y, luego, el lugar que alguno de ellos señalará ya con la mano en la distancia.

 A lo lejos, frente a ellos, en la ladera opuesta de la montaña, los tejados y los árboles de Ainielle, ahogados entre peñas y bancales, comenzarán ya entonces a fundirse con las primeras sombras de una noche que, aquí, contra el poniente, llega siempre mucho antes. Visto desde la loma, Ainielle se cuelga sobre el barranco, como un alud de losas y pizarras torturadas, y sólo en las casas más bajas –aquellas que rodaron atraídas por la humedad y el vertigo del río– el sol alcanzará a arrancar aún algún último destello al cristal y a las pizarras. Fuera de eso, el silencio y la quietud serán totales. Ni un ruido, ni una señal de humo, ni una presencia o sombra de presencia por las calles. Ni siquiera el temblor indefinido de un visillo o de una sábana colgada en el frontal de alguna de cualquiera de sus múltiples ventanas. Ningún signo de vida podrán adivinar en la distancia. Y, sin embargo, los que contemplen el pueblo desde las altas campas de Sobrepuerto sabrán que, aquí, entre tanto quietud, entre tanto silencio y tantas sombras, yo les habré ya visto y estaré esperándoles.

(…)

 Beaucoup plus loin, le passage qui décrit cette fameuse pluie jaune métaphorique qui lave la mémoire du narrateur et s’infiltre dans tous es souvenirs, un passage qui m’a marquée et auquel je pense tous les automnes (le bruit de la chute des feuilles a désormais un chuintement espagnol pour les oreilles) :

 

Lentamente, las horas van pasando y la lluvia amarilla va borrando la sombra del tejado de Bescós y el círculo infinito de la luna. Es la misma de todos los otoños. La misma que sepulta las casas y las tumbas. La que envejece a los hombres. La que destruye poco a poco sus rostros y sus cartas y sus fotografías. La misma que una noche, junto al río, entró en mi alma para no volver ya nunca a abandonarme el resto de los días de mi vida.

 Día a día, en efecto, a partir de aquella noche junto al río, la lluvia ha ido anegando mi memoria y tiñendo mi mirada de amarillo. No sólo mi mirada. Las montañas tambíen. Y las casas. Y el cielo. Y los recuerdos que, de ellos, aún siguen suspendidos. Lentamente, al principio, y, luego ya, al ritmo en que los días pasaban por mi vida, todo a mi alrededor se ha tiñendo de amarillo como si la mirada no fuera más que la memoria del paisaje y el paisaje un simple espejo de mí mismo.

 Primero, fue la hierba, el musgo de las casas y del río. Luego, el perfil del cielo. Más tarde, las pizarras y las nubes. Los árboles, el agua, la nieve, las aliagas, hasta la propia tierra fue cambiando poco a poco el color negro de su entraña por el de las manzanas corrompidas de Sabina. Al principio, yo creía que aquello era sólo un delirio, una ilusión fugaz de mi mirada y de mi espíritu que se iría de nuevo igual que había venido. Pero aquella ilusión siguió conmigo. Cada vez más precisa. Cada vez más real y más firme. Hasta que, una mañana, al levantarme y abrir la ventana, vi las casas del pueblo completamente ya teñidas de amarillo.

Julio Llamazares, Lluvia amarilla, Seix barral, “Booket”, p.9-10 et 119-120.


Nymphéas

Samedi 3 décembre 2011

Et puis un jour il y a eu Proust, contrainte et forcée, et ça bloquait. Des heures enfermée sans avancer. C’est le passage par les oreilles qui a décanté la situation (je ne rendrai jamais assez grâce aux 6 comédiens et à Frémeaux d’avoir si merveilleusement mis en voix l’intégralité de La Recherche). Et puis un passeur, encore. En hypokhâgne, à partir d’un travail qui avait pris la métaphore comme une des portes d’entrée et de lecture du roman. Je n’ai toujours pas pris le temps de lire par moi-même les 8 volumes en Folio, mais désormais, cela fait partie des projets à long terme…

Mais plus loin le courant se ralentit, il traverse une propriété dont l’accès était ouvert au public par celui à qui elle appartenait et qui s’y était complu à des travaux d’horticulture aquatique, faisant fleurir, dans les petits étangs que forme la Vivonne, de véritables jardins de nymphéas. Comme les rives étaient à cet endroit très boisées, les grandes ombres des arbres donnaient à l’eau un fond qui était habituellement d’un vert sombre mais que parfois, quand nous rentrions par certains soirs rassérénés d’après-midi orageux, j’ai vu d’un bleu clair et cru, tirant sur le violet, d’apparence cloisonnée et de goût japonais. Çà et là, à la surface, rougissait comme une fraise une fleur de nymphéa au cœur écarlate, blanc sur les bords. Plus loin, les fleurs plus nombreuses étaient plus pâles, moins lisses, plus grenues, plus plissées, et disposées par le hasard en enroulements si gracieux qu’on croyait voir flotter à la dérive, comme après l’effeuillement mélancolique d’une fête galante, des roses mousseuses en guirlandes dénouées. Ailleurs un coin semblait réservé aux espèces communes qui montraient le blanc et rose proprets de la julienne, lavés comme de la porcelaine avec un soin domestique, tandis qu’un peu plus loin, pressées les unes contre les autres en une véritable plate-bande flottante, on eût dit des pensées des jardins qui étaient venues poser comme des papillons leur ailes bleuâtres et glacées, sur l’obliquité transparente de ce parterre d’eau; de ce parterre céleste aussi: car il donnait aux fleurs un sol d’une couleur plus précieuse, plus émouvante que la couleur des fleurs elles-mêmes; et, soit que pendant l’après-midi il fît étinceler sous les nymphéas le kaléidoscope d’un bonheur attentif, silencieux et mobile, ou qu’il s’emplît vers le soir, comme quelque port lointain, du rose et de la rêverie du couchant, changeant sans cesse pour rester toujours en accord, autour des corolles de teintes plus fixes, avec ce qu’il y a de plus profond, de plus fugitif, de plus mystérieux,—avec ce qu’il y a d’infini,—dans l’heure, il semblait les avoir fait fleurir en plein ciel.

Marcel Proust, Du côté de chez Swann, Gallimard, « Folio », p. 203-204


La couleur des souvenirs

Jeudi 3 novembre 2011

A l’approche de quelques jours de repos, une grosse envie de couleurs et d’énergie pour rompre la grisaille de l’automne qui s’installe. Retour donc sur les bizarres chemins de la mémoire et la couleur des souvenirs liés à la mère, qui sont loin d’être en sépia chez Paule du Bouchet.

Il me semble que parler de ma mère, c’est parler de cette indicible épouvante, être seule. « Abandonnée », choc électrique, couleur encore vibrante de sa jupe rouge, silence. La fleur de ma mémoire est bien enclose dans un petit « pan de jupe rouge ».

Cet éclat rouge, c’est ce qui demeure de ma mère après que la porte s’est refermée. Ce à quoi, enfant, je me raccroche. Ce qui, évoquant de manière fulgurante son départ, invoque violemment sa présence. C’est l’image de ma mère, présence rouge, passionnée. Résurgence heureuse de tout un possible de tendresse, en même temps marque de mon désespoir.

Couleur du drame élaboré par ma mémoire, la « robe rouge » de ma mère était aussi celle que, semble-t-il, elle portait le jour de son mariage.

Paule du Bouchet, Emportée : récit, Actes Sud, p. 37-38


Vermillon

Jeudi 3 novembre 2011

gros plan de coquelicotI

Velours de coquelicot

(Masseuil, mai 2008)


Pique-nique

Lundi 31 octobre 2011

3 jeunes hommes en bord de Seine et nappe de pique-nique

Nappe de fête parée de bougies en bord de Seine

(Ile Saint Louis, Paris, 4e, août 2010)


Couleurs

Lundi 19 septembre 2011

L’antichambre du théâtre est déjà un lieu de magie évocatrice

Bistrot aux murs colorés du théâtre de l'est parisien, chaises noires

Bistrot du Théâtre de l’Est parisien

Paris, mars 2011


Boulier d’automne

Lundi 29 août 2011

Pommes et poires égrenées sur une clayette

Serres du jardin du Luxembourg

Paris (6e), septembre 2008


Lumineux (de nuit), 2

Mercredi 24 août 2011

Et si on regardait la perspective dans l’autre sens ? Quand les rayures de Buren transparaissent sous les fards (phares ?) de la nuit en spirale électrique


Anneau de buren, cadre rouge sur la ville de Nantes, nuit

Cerne rouge sur la ville, enfilade électrique

Ile de Nantes, février 2009


Couleurs horizontales

Lundi 4 juillet 2011

galets en camaïeu de gris et mer au loin

Île d’Oléron, mai 2010


Cuirs

Lundi 25 avril 2011

Encore une image échappée de cette série sur les fouillis d’atelier du Viaduc des Arts…

Pans de cuirs de couleurs suspendus dans l'atelierAtelier de relieur, Viaduc des Arts

(Paris, février 2010)


Ballet

Lundi 11 avril 2011

Scène de bal en rubis et émeraude pour mimer l’affrontement entre les Capulet et les Montaigü, couples tourbillonnants, carrés de gentilshommes en armes… C’est le privilège des générales de pouvoir saisir au vol quelques reflets de la magie en cours sur scène.

 

Roméo et Juliette, Noureev, ballet en trois actes d’après William Shakespeare (création pour le ballet de l’Opéra de Paris le 19 octobre 1984)

Scène 3, Acte I : Le bal des Capulet

Générale, Opéra Bastille, Paris, 9 avril 2011

 

Et merci à mon père-noël personnel pour ces fêtes renouvelées 🙂


Je reviens tout de suite…

Lundi 28 février

Ne dirait-on pas que le doreur s’est absenté quelques instants seulement, laissant les bulles dorées se former au coin de l’établi ? Tous les ingrédients d’une nature morte précieuse et ambrée sont réunis.

Réchaud et casserole sur l'établi d'un doreurAtelier de doreur, Viaduc des Arts

(Paris, février 2010)


Mire

Jeudi 6 janvier 2010, juste avant les douze coups de minuit

Comme prévu, ce calendrier de l’Avent étendu jusqu’à l’arrivée des Reyes Magos est arrivé à son terme, il va redevenir citrouille dans une minute !

Il reste encore beaucoup de textes fétiches dans mon carnet secret, et autant d’images à trier…

Je ne sais pas encore ce que va devenir Inventaire, imagier, reflet. Peut-être s’arrêtera-t-il là, peut-être reprendra-t-il sur un rythme ou un mode différent. Quoiqu’il en soit, les publications vont s’interrompre pour un bon mois, le temps que je retrouve un peu de calme et que je franchisse un certain nombre d’étapes dans « la vraie vie ».


cercle chromatique peint sur un trottoir

Cercle chromatique un soir de pluie, sur les trottoirs de Saint germain des Prés

(Paris, août 2010)



Doigts de fées russes

Mercredi 5 janvier

dés en forme de poupées russes dnas une vitrine

Viaduc des Arts (Paris, février 2010)


Création

Dimanche 2 janvier

Une forte envie de reprendre le chemin de l’atelier, étaler les couleurs des coupons de tissus, chercher les ciseaux cachés sous des piles de cartons, renverser la boîte de boutons chatoyants, coller quelques perles par-ci, par là, un fil de laine, trois points de broderie, des images éparpillées sur le tapis, un pinceau joufflu trempé dans l’aquarelle …

À défaut, un détour par l’établi de Queneau où patientent plusieurs arts poétiques (encore une collection !) :


Bon dieu de bon dieu que j’ai envie d’écrire un petit poème

Tiens en voilà justement un qui passe

Petit petit petit

Viens ici que je t’enfile

Sur le fil du collier de mes autres poèmes

Viens ici que je t’entube

dans le comprimé de mes oeuvres complètes

viens ici que je t’enpapouète

et que je t’enrime

et que je t’enrythme

et que je t’enlyre

et que je t’enpégase

et que je t’enverse

et que je t’enprose

la vache

il a foutu le camp

Raymond Queneau, L’instant fatal, 1948