A contre-jour
Lundi 6 janvier 2014
Un peu de ciel et un bout d’horizon avec les arbres de l’enfance, en ce jour de passage des rois mages…
« Sur le ciel bleu cru de Key Largo, le palétuvier se détachait en noir, à contre-jour, et sa forme desséchée, stéréotypée n’évoquait en rien un arbre mais plutôt un insecte infernal. Josée soupira, referma les yeux. Les vrais arbres étaient loin, à présent, et surtout le peuplier de jadis, ce peuplier isolé, au bas d’un champ, près de la maison. Elle s’étendait dessous, les pieds contre le tronc, elle regardait les centaines de petites feuilles agitées par le vent, pliant ensemble et très haut, la tête de l’arbre, toujours sur le point de s’envoler, semblait-il, dans sa minceur. Elle avait quel âge, quatorze, quinze ans ? Ou bien, elle s’appuyait contre lui, la tête entre les mains, la bouche contre l’écorce rugueuse, elle se chuchotait des promesses, elle respirait sa propre haleine dans ce trouble de l’adolescence, dans cet effroi du futur et dans cette assurance. »
Françoise Sagan, Les merveilleux nuages, Julliard, p. 13-14
Au sommet : fleurs d’hiver
Lundi 2 avril 2012
Les Saisies (Savoie), Sous le Clocher, 1890 m
Février 2012
Le pin des Alpes
Lundi 2 avril 2012
Un texte qui sent bon la résine des pins, la roche chauffée par le soleil et les graviers incrustés dans la paume des mains. Un texte de sieste à histoires méditerranéennes, un texte d’escalade et de cabanes.
De la roche, il se penche sur un abîme. Sa souche initiale était sur un bord et fut détruite par la foudre. Alors, la racine a rejeté à l’extérieur, au-dessus du vide, une branche horizontale. Et de là, il est reparti vers la hauteur : l’arbre s’appuie ainsi sur l’air, un coude sur une table.
C’est un pin des Alpes, parent du sapin, mais plus touffu et solitaire, inapte au service de Noël de ses semblables décimés dans les bois des pentes plus faciles. Il vit à 2200 mètres, avec les derniers troncs qui se risquent en altitude, posés tout tordus sur des versants abrupts, offrant un angle droit au ciel.
Nul ne monte pour le couper, trop dangereux de se pencher sur le vide, il entraînerait le bûcheron avec lui. L’été, il reçoit les premier soleil de 6 heures qui se lève derrière une cime des Fanes. Une fois par an, je monte saluer l’arbre, j’emporte de quoi écrire et je m’assieds à son pied.
À deux mètres de lui, vers l’ouest précisément, pointent au-dessus des pierres quatre étoiles d’argent, un début de constellation. Encore deux mètres plus à l’ouest, un pin mugho accroupi sur le sol étale ses branches en cercle. Une vipère vit à l’intérieur, je l’entends souffler, puis se calmer.
Un arbre solitaire a une clôture invisible, aussi large que son ombre à poser tout autour. Avant d’y entrer, je retire mes sandales. Je m’allonge sous sa lumière.
(…)
J’ai fini mon histoire, entre-temps le pin des Alpes a déplacé son ombre. À l’heure du coucher de soleil, il imprime sa forme sur la roche d’en face, aussi nette que sur de la neige fraîche. Les arbres de montagne écrivent dans l’air des histoires qui se lisent quand on est allongé dessous.
J’attends la première obscurité, qui efface l’ombre de la roche d’en face. Dès qu’elle est partie, la première étoile pointe au-dessus des Fanes et les degrés de tiédeur descendent joyeux et rapides de l’échelle. Je me décide à me lever quand le début du soir picote mon nez. L’hôte d’un arbre doit disparaître à l’heure où les ombres se retirent.
En montagne, il existe des arbres héros, plantés au-dessus du vide, des médailles sur la poitrine des précipices. Tous les été, je monte rendre visite à l’un d’entre eux. Avant de partir, je monte à cheval sur son bras au-dessus du vide. L’air libre sur des centaines de mètres vient chatouiller mes pieds nus. Je l’embrasse et le remercie de sa durée.
Erri de Luca, Visite à un arbre, in Le poids du papillon, Gallimard,
« Du monde entier », 2011, p. 73-74 et p. 80-81.
Traduit de l’italien par Danièle Valin
Merveilleux réel
Samedi 31 décembre 2011
J’ai immédiatement pensé à Alice en voyant cette petite porte dans un arbre creux
Alkmaar (Pays-Bas), août 2011
La Albufera
Lundi 21 novembre 2011
Luxe, calme, et volupté… ce refrain baudelairien pourrait convenir au sentiment de calme et de plénitude qui m’a envahie quand je me suis promenée dans cette réserve naturelle de la côte valencienne.
La Albufera, Valencia (Espagne)
décembre 2010
Théâtre d’ombres
Lundi 17 octobre 2011
Cupidon ou fée ailée ?
Peu importe, on se croirait dans un conte de Michel Ocelot
(Paris, 8ème, septembre 2011)
Equilibre
Jeudi 8 septembre 2011
La lecture de Paule du Bouchet m’a refait butiner les poème de son père, et l’envie de marche en forêt a rencontré et associé une image de promenade passée et une ligne-poème de cet écrivain arpenteur de la lande.
III
Mon récit sera la branche noire qui fait un coude dans le ciel
André du Bouchet, Dans la chaleur vacante, Le moteur blanc, Gallimard, « Poésie », p. 62
Jacqueline Duhême
Jeudi 19 mai 2011
L’avocatier de L’homme qui avait tout, tout, tout
Tapisserie de Jacqueline Duhême, conservée au fonds historique de l’Heure Joyeuse
Paris, rue des prêtres Saint Séverin, mars 2011
Et merci à C’, ses chaussures et ses bouts de doigt pour sa complicité et pour avoir bien voulu faire la femme sandwich artistique en pleine rue 😉