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Songe-poème

Mardi 20 décembre 2011

Un autre poème d’enfance, un de ceux qui m’ont familiarisée avec ce que c’est que la poésie, même avec de toutes petites oreilles, sans niaiseries.

Le vent

Parfois, au fond de la nuit

le vent, comme un enfant, s’éveille.

Tout seul il marche dans l’allée,

doucement, doucement, vers le village.

A tâtons, jusqu’à l’étang il s’avance

et y fait le guet :

les maisons sont toutes blanches,

et les chênes muets.

Rainer Maria Rilke


Rêve

Mardi 6 décembre 2011

Parmi mes premiers « passages » vers la poésie, il y a  un recueil de comptines qui m’a été offert toute petite. Et il y a surtout deux merveilleux cahiers de poésie des premières années d’école, où ce n’était pas parce qu’on était petit qu’on nous donnait des textes niais : les grands noms s’y croisent : Queneau, Guillevic, Prévert, Roy, Desnos… et Obaladia

Le secret

Sur le chemin près du bois

J’ai trouvé tout un trésor

une coquille de noix

Une sauterelle en or

Un arc en ciel qu’était mort.

A personne je n’ai rien dit

Dans ma main je les ai pris

Et je l’ai tenue fermée

Fermée jusqu’à l’étrangler

Du lundi au samedi.

Le dimanche l’ai rouverte

mais il n’y avait plus rien

Et j’ai raconté au chien

Couché dans sa niche verte

Comme j’avais du chagrin.

Il m’a dit dans aboyer :

« Cette nuit, tu vas rêver. »

La nuit, il faisait si noir

Que j’ai cru à une histoire

Et que tout était perdu.

Mais d’un seul coup j’ai bien vu

Un navire dans le ciel

Traîné par une sauterelle

Sur les vagues d’arc-en-ciel !

René de Obaldia, Innocentines


« Le tangage te faisait chalouper »

Dimanche 4 décembre 2011

Les Bonnes m’ont fait découvrir Genet. Le texte reste associé à des objets, des attributs : les fleurs, les robes, le réveil, les gants de vaisselle… des gestes : le crachat, l’étranglement. Des lieux : le bagne. Des mots : hétaïre…

et puis j’ai basculé dans l’univers romanesque de Genet. 

SOLANGE

De nous deux, qui menace l’autre ! Hein ? Tu hésites ?

CLAIRE

Essaie d’abord. Tire la première. C’est toi qui recules, Solange. Tu n’oses pas m’accuser du plus grave, mes lettres à la police. La mansarde a été submergée sous mes essais d’écriture… sous des pages et des pages. J’ai inventé les pires histoires et les plus belles dont tu profitais. Hier soir, quand tu faisais Madame dans la robe blanche, tu jubilais, tu jubilais, tu te voyais déjà montant en cachette sur le bateau des déportés, sur le…

SOLANGE, professorale.

Le Lamartinière. (Elle en a détaché chaque syllabe.)

CLAIRE

Tu accompagnais Monsieur, ton amant… Tu fuyais la France. Tu partais pour l’île du Diable, pour la Guyane, avec lui : un beau rêve ! Parce que j ‘avais le courage d’envoyer mes lettres anonymes, tu te payais le luxe d’être une prostituée de haut vol, une hétaïre. Tu étais heureuse de ton sacrifice, de porter la croix du mauvais larron, de lui torcher le visage, de le soutenir, de te livrer aux chiourmes pour que lui soit accordé un léger soulagement.

SOLANGE

Mais toi, tout à l’heure, quand tu parlais de le suivre.

CLAIRE

Je ne le nie pas, j’ai repris l’histoire où tu l’avais lâchée. Mais avec moins de violence que toi. Dans la mansarde déjà, au milieu des lettres, le tangage te faisait chalouper.

SOLANGE

Tu ne te voyais pas.

CLAIRE

Oh ! si ! Je peux me regarder dans ton visage et voir les ravages qu’y fait notre victime ! Monsieur est maintenant derrière les verrous. Réjouissons-nous. Au moins nous éviterons ses moqueries. Et tu seras plus à ton aise pour te prélasser sur sa poitrine, tu inventeras mieux son torse et ses jambes, tu épieras sa démarche. Le tangage te faisait chalouper ! Déjà tu t’abandonnais à lui. Au risque de nous perdre…

SOLANGE, indignée.

Comment ?

CLAIRE

Je précise. Perdre. Pour écrire mes lettres de dénonciation à la police, il me fallait des faits, citer des dates. Et comment m’y prendre ? Hein ? Souviens-toi. Ma chère, votre confusion rose est ravissante. Tu as honte. Tu étais là pourtant ! J’ai fouillé dans les papiers de Madame et j ‘ai découvert la fameuse correspondance…

Un silence.

Jean Genet, Les bonnes, 1947

Gallimard, « Folio », p. 43-45


Imaginons…

Lundi 27 juin 2011

Je vous avais promis une rencontre avec le Chevalier Guiromelan de Wilfrid…. Voici le personnage qui s’avance, venu du fond des légendes et de la mémoire d’enfant.

Nous sommes revenus au début de la pièce, Wilfrid sort de l’hôpital où il est venu reconnaître son père, mort.


Jour.

WILFRID. Excuse-moi, tout à l’heure à la morgue, je ne voulais pas être bête.

LE CHEVALIER. Ça va. Je ne l’ai pas pris personnel. Tu vis des moments difficiles.

WILFRID. Tu n’es comme pas arrivé au bon moment.

LE CHEVALIER. Mais t’es drôle, toi, c’est toi qui me fait venir !

WILFRID. Mais quand je te dis va-t’en, va-t’en !

LE CHEVALIER. Excuse-moi mais moi quand on m’appelle, on m’appelle, je ne fais pas des allers-retours. Quand j’arrive, je reste. Faut faire avec. Je ne suis peut-être pas commode, mais d’un autre côté, je n’ai jamais manqué aucun de tes appels, non ?

WILFRID. Non, c’est vrai ! Mais quelque chose ne tourne plus rond. Quand j’ai vu le cadavre de mon père, j’ai eu l’impression de voir un costume qui ne sert plus à rien et moi je devais dire : oui, c’est bien le costume que mon père portait. Une tarte à la crème en pleine face : il y a de quoi pleurer.

LE CHEVALIER. Quand tu étais petit, nous combattions les monstres qui étaient cachés dans le couloir qui menait à la cuisine, quand, en pleine nuit, tu te levais pour aller boire un verre d’eau. Un monstre, c’est gros, c’est laid, c’est facile à combattre et nous sortions toujours vainqueurs. Aujourd’hui je suis un chevalier fatigué qui ne sait plus contre quoi il doit cogner son épée. Tu as grandi, Wilfrid, et les monstres sont devenus beaucoup trop forts. Mon épée ne suffit plus à te réconforter.

WILFRID. Je ne sais même plus qui je suis. Comment veux-tu que je sache ce qui me fait mal. Quand tu es petit, c’est pas difficile, tous les enfants ont peur de la sorcière ou du monstre noir de l’espace sidéral. Mais maintenant ? Qu’est-ce qui me fait mal ? Je n’en sais tellement rien. J’ai mal et c’est tout. Et tout le monde a mal, et tout le monde s’en fout ! Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Ma mère est morte en me mettant au monde, mon père est mort pendant que je baisais comme un perdu ! A moi tout seul j’ai inversé le jour avec la nuit et la nuit avec le jour en tuant ma mère pour coucher avec mon père ; il n’y a plus de sens à rien depuis Dringallovenezvotrepèreestmort, alors non, ton épée ne peut plus rien contre ça, et pour te dire ce que je pense et te le dire comme je le pense, je t’avoue que je ne sais pas par quel miracle je continue d’avoir assez d’imagination pour croire en toi, mais si tu m’abandonnes, il ne restera au fond de moi qu’un trou sans fond dans lequel je n’aurai plus qu’à tomber.

LE CHEVALIER. Je ne t’abandonnerai jamais.

WILFRID. Et moi, je ne t’oublierai pas.

LE CHEVALIER. Comment pourrais-tu m’oublier ?

En m’oubliant tu me donnerais la mort.

Wilfrid, je te fais une promesse de chevalier :

Au-delà de nos catastrophes de cœurs,

Nous resterons fidèles l’un à l’autre.

Mon amitié pour toi es si grande

Que malgré toi

Je resterai ta force.

Ton amitié est si claire

Que tu n’as qu’à ouvrir la bouche

Pour que moi,

Pauvre rêve,

Je parte en voyage.

Wilfrid,

Rien n’est plus fort que le rêve qui nous lie à jamais.

Wajdi Mouawad, Littoral (Ici, 6. Promesse, p. 21-22, Léméac Actes Sud-Papiers)


Le pouvoir d’agir

Lundi 20 juin 2011

Encore un peu de Littoral… En cherchant l’extrait de la dernière livraison, je l’ai relu, encore… et j’ai décidé, pour préparer les vacances, qu’elles soient océanes ou non, de faire une petite session Mouawad, un parcours qui n’aura rien de chronologique dans l’aventure de Wilfrid et de son père, un parcours à travers des scènes tragiques mais drôles, oniriques mais solidement ancrées dans notre Terre et qui toutes ont en commun de me toucher profondément…

Dialogue nocturne entre le père (de Wilfrid, mort) et le chevalier (de Wilfrid aussi, nous ferons sa connaissance plus tard) quand survient… la voix (Joséphine).

Nuit noire.

LE PÈRE. Ah ! rêve !

LE CHEVALIER. Ah ! mort !

LE PÈRE. Nous ne sommes rien, chevalier, nous ne sommes rien ! C’est ce que nous cherchons qui est tout. Parole de mort.

LE CHEVALIER. Facile à dire. Mais pas facile à faire. Parole de rêve.

LE PÈRE. Ça marche : ils dorment tous.

LE CHEVALIER. Quel calme tout à coup.

LE PÈRE. C’est vrai qu’un mort qui parle à un rêve, ça ne doit pas être très bruiant.

LA VOIX. Mira Abou-Castelhalim, Mika Abou-Castelhalim, Jean Abou-Castelhalim, Charlotte Abou-Castelhalim.

LE CHEVALIER. Tu entends ?

LA VOIX. Abiel Bakir et sa femme Isabelle Bakir née Balaade. Leur trois enfants, Lahcen, Patrick, Tewfik, Miro Digdanne, Marie-Ève Digdanne, Mahmoud Digdanne, Lorraine Digdanne, Rita Digdanne, Alain Éléonore, Gilles Éléonore, Maryse et Yann Fortunato, Jean Ismert, Sarah Ismert, Mahbouba Marinia, Emmanuel Marinia, Rafik Marinia, Elham Marinia, Manon Marinia, Lorient Loriano, David Nana, Catherine Nana, Claude Nana, Nayla Na, Naji Na…

LE CHEVALIER. Qu’est-ce qu’on fait ?

LE PÈRE. Qu’est-ce que tu veux faire ? Moi je suis mort et toi tu n’existes pas !

Wajdi Mouawad, Littoral (Chemin, 34. Songes et murmures, p. 79-80, Léméac Actes Sud-Papiers)


Rêve

Lundi 11 avril 2011

Dans le premier pot-pourri de textes de l’Avent, Roméo et Juliette figuraient déjà en bonne place… mais je n’ai pas encore cité la tirade de Mercutio,  évoquant un rêve, avant d’entrer au bal des Capulet, tandis que Roméo, sombre, souhaite porter le flambeau et refuser la danse…

C’est pourtant le ballet de Noureev sur la musique de Prokofiev qui m’a remis cette scène en mémoire, et m’incite à confesser une énième collection : celle des Roméo et Juliette. Je n’ai pas eu l’occasion de voir la pièce in extenso au théâtre, mais que de belles évocations au Footsbarn, en impro au TAP à Poitiers, sur la glace, en musique, au cinéma … et maintenant,  dansée, à l’opéra !


Acte I, scène 4

Une place sur laquelle est située la maison de Capulet.

Entrent Roméo, costumé ; Mercutio, Benvolio, avec cinq ou six autres masques ; des gens portant des torches, et des musiciens.

ROMÉO. – Voyons, faut-il prononcer un discours pour nous excuser ou entrer sans apologie ?

BENVOLIO. – Ces harangues prolixes ne sont plus de mode. Nous n’aurons pas de Cupidon aux yeux bandés d’une écharpe, portant un arc peint à la tartare, et faisant fuir les dames comme un épouvantail ; pas de prologue appris par cœur et mollement débité à l’aide d’un souffleur pour préparer notre entrée. Qu’ils nous estiment dans la mesure qu’il leur plaira ; nous leur danserons une mesure, et nous partirons.

ROMÉO. – Qu’on me donne une torche ! Je ne suis pas en train pour gambader ! Sombre comme je suis, je veux porter la lumière.

MERCUTIO. – Ah ! mon doux Roméo, nous voulions que vous dansiez.

ROMÉO. – Non, croyez-moi : vous avez tous la chaussure de bal et le talon léger : moi, j’ai une âme de plomb qui me cloue au sol et m’ôte le talent de remuer

MERCUTIO. – Vous êtes amoureux ; empruntez à Cupidon ses ailes, et vous dépasserez dans votre vol notre vulgaire essor.

ROMÉO. – Ses flèches m’ont trop cruellement blessé pour que je puisse m’élancer sur ses ailes légères ; enchaîné comme je le suis, je ne saurais m’élever au-dessus d’une immuable douleur, je succombe sous l’amour qui m’écrase.

MERCUTIO. – Prenez le dessus et vous l’écraserez : le délicat enfant sera bien vite accablé par vous.

ROMÉO. – L’amour, un délicat enfant ! Il est brutal, rude, violent ! il écorche comme l’épine.

MERCUTIO. – Si l’amour est brutal avec vous, soyez brutal avec lui ; écorchez l’amour qui vous écorche, et vous le dompterez. (Aux valets. ) Donnez-moi un étui à mettre mon visage ! (Se masquant. ) Un masque sur un masque ! Peu m’importe à présent qu’un regard curieux cherche à découvrir mes laideurs ! Voilà d’épais sourcils qui rougiront pour moi !

BENVOLIO. – Allons, frappons et entrons ; aussitôt dedans, que chacun ait recours à ses jambes.

ROMÉO. – À moi une torche ! Que les galants au cœur léger agacent du pied la natte insensible. Pour moi, je m’accommode d’une phrase de grand-père : je tiendrai la chandelle et je regarderai … À vos brillants ébats mon humeur noire ferait tache.

MERCUTIO. – Bah ! la nuit tous les chats sont gris ! Si tu es en humeur noire, nous te tirerons, sauf respect, du bourbier de cet amour où tu patauges jusqu’aux oreilles… Allons vite. Nous usons notre éclairage de jour…

ROMÉO. – Comment cela ?

MERCUTIO. – Je veux dire, messire, qu’en nous attardant nous consumons nos lumières en pure perte, comme des lampes en plein jour … Ne tenez compte que de ma pensée : notre mérite est cinq fois dans notre intention pour une fois qu’il est dans notre bel esprit.

ROMÉO. – En allant à cette mascarade, nous avons bonne intention, mais il y a peu d’esprit à y aller.

MERCUTIO. – Peut-on demander pourquoi ?

ROMÉO. – J’ai fait un rêve cette nuit.

MERCUTIO. – Et moi aussi.

ROMÉO. – Eh bien ! qu’avez-vous rêvé ?

MERCUTIO. – Que souvent les rêveurs sont mis dedans !

ROMÉO. – Oui, dans le lit où, tout en dormant, ils rêvent la vérité.

MERCUTIO. – Oh ! je vois bien, la reine Mab vous a fait visite. Elle est la fée accoucheuse et elle arrive, pas plus grande qu’une agate à l’index d’un alderman, traînée par un attelage de petits atomes à travers les nez des hommes qui gisent endormis. Les rayons des roues de son char sont faits de longues pattes de faucheux ; la capote, d’ailes de sauterelles; les rênes, de la plus fine toile d’araignée ; les harnais, d’humides rayons de lune. Son fouet, fait d’un os de griffon, a pour corde un fil de la Vierge. Son cocher est un petit cousin en livrée grise, moins gros de moitié qu’une petite bête ronde tirée avec une épingle du doigt paresseux d’une servante. Son chariot est une noisette, vide, taillée par le menuisier écureuil ou par le vieux ciron, carrossier immémorial des fées. C’est dans cet apparat qu’elle galope de nuit en nuit à travers les cerveaux des amants qui alors rêvent d’amour sur les genoux des courtisans qui rêvent aussitôt de courtoisies, sur les doigts des gens de loi qui aussitôt rêvent d’honoraires, sur les lèvres des dames qui rêvent de baisers aussitôt ! Ces lèvres, Mab les crible souvent d’ampoules, irritée de ce que leur haleine est gâtée par quelque pommade. Tantôt elle galope sur le nez d’un solliciteur, et vite il rêve qu’il flaire une place ; tantôt elle vient avec la queue d’un cochon de la dîme chatouiller la narine d’un curé endormi, et vite il rêve d’un autre bénéfice ; tantôt elle passe sur le cou d’un soldat, et alors il rêve de gorges ennemies coupées, de brèches, d’embuscades, de lames espagnoles, de rasades profondes de cinq brasses, et puis de tambours battant à son oreille ; sur quoi il tressaille, s’éveille, et, ainsi alarmé, jure une prière ou deux, et se rendort. C’est cette même Mab qui, la nuit, tresse la crinière des chevaux et dans les poils emmêlés durcit ces nœuds magiques qu’on ne peut débrouiller sans encourir malheur. C’est la stryge qui, quand les filles sont couchées sur le dos, les étreint et les habitue à porter leur charge pour en faire des femmes à solide carrure. C’est elle …

ROMÉO. – Paix, paix, Mercutio, paix. Tu nous parles de riens !

MERCUTIO. – En effet, je parle des rêves, ces enfants d’un cerveau en délire, que peut seule engendrer l’hallucination, aussi insubstantielle que l’air, et plus variable que le vent qui caresse en ce moment le sein glacé du nord, et qui, tout à l’heure, s’échappant dans une bouffée de colère, va se tourner vers le midi encore humide de rosée !

BENVOLIO. – Ce vent dont vous parlez nous emporte hors de nous-mêmes : le souper est fini et nous arriverons trop tard.

ROMÉO. – Trop tôt, j’en ai peur ! Mon âme pressent qu’une amère catastrophe, encore suspendue à mon étoile, aura pour date funeste cette nuit de fête, et terminera la méprisable existence contenue dans mon sein par le coup sinistre d’une mort prématurée. Mais que celui qui est le nautonier de ma destinée dirige ma voile !… En avant, joyeux amis !

BENVOLIO. – Battez, tambours ! (Ils sortent. )

 

Roméo et Juliette, William Shakespeare, 1599,

traduction de François-Victor Hugo